Chapitre 2
- Révélations -
Page 21 et suivantes :
Comment se présentent-ils ?
Ils précisent leur âge. Qu’est-ce que l’âge a à dire de notre identité ? Notre âge est-il constitutif de notre identité ?
Ils racontent ce qu’ils font, quelle est leur spécialité, voire leur singularité. Notre identité peut en effet se décliner selon deux pôles : ce que l’on a de commun avec les autres et ce qui est unique en nous. Leur spécificité tient à leur corps. C’est aussi le corps qui dicte l’activité, la spécificité de chacun. Il est adapté à l’activité car il la précède et en est la cause. Peut-on dire cela des humains : notre corps détermine-t-il ce que l’on fait ? Ce que l’on aime faire ? Ce que l’on fait bien ?
Contre l’idée de libre arbitre qui nous permettrait d’agir (Socrate, Descartes, Kant), on illustre plutôt des philosophies du corps, comme celle de Spinoza ou Nietzsche.
Notons aussi le compartimentage de la connaissance : connaître, c’est classer, diviser, catégoriser. Auparavant, les scientifiques étaient aussi des philosophes (Descartes, Pascal) et faisaient aussi bien des mathématiques que de la physique. Maintenant, la philosophie et les sciences se distinguent, les sciences sont plurielles, les scientifiques sont des spécialistes et ont des connaissances dans leur domaine mais pas dans les autres. Faut-il le déplorer ? Y gagne-t-on à être un spécialiste ? Un savoir universel est-il accessible aux humains ?
Page 22 : « Grâce à mes explorations, je me suis rendu compte que j’avais des connaissances »
Et page 32 : « toutes ces informations sommeillaient en eux et n’attendaient qu’un signal pour se révéler »
L’expérience permet-elle toute connaissance ou suppose-t-elle déjà des connaissances, voire même réactive-t-elle des connaissances ?
Platon pense que l’expérience est l’occasion d’une réminiscence de ce que nous savions sans en avoir conscience. Kant estime que l’expérience n’est possible qu’à partir d’éléments de connaissance que nous portons déjà en nous (par exemple, les catégories d’espace et de temps qui n’existent pas hors de nous mais sont le cadre humain à partir duquel nous faisons des expériences, ou le concept de causalité)
Page 23 : « Mes yeux se transforment en microscopes »
Pour ces êtres, il n’y a pas de différence entre le corps et l’outil. Cela nous permet de voir en négatif que les humains ont eux aussi des outils qui prolongent leur corps et leur capacité. Cependant, les outils restent extérieurs à eux. C’est pour cette raison qu’ils peuvent changer d’outils et passer du microscope au télescope. Par conséquent, si l’humain est l’animal dont le corps est le plus fragile, il a fabriqué des outils qui lui donnent, quand il les utilise, les capacités de presque tous les animaux. Cette fragilité s’est muée en force.
« Nous avons […] découvert un mélange de cristaux et de plantes que nous avons nommé cristoplantes »
Interrogeons le pouvoir de nommer : quel lien y a-t-il entre connaître et nommer ? Et nommer ne nous donne-t-il pas du pouvoir sur la chose ? N’est-ce pas une manière de la faire nôtre ? De se l’approprier ? Et aussi de faire comme si elle ne nous était pas inconnue ?
L’union des deux sciences est fructueuse. Y a-t-il une union comparable chez les humains ?
Page 24 : « L’échange d’informations qui leur est propre »
Les mots provoquent les images des choses désignées, mais contrairement aux humains, des images parfaites, et même lorsqu’on ne connaît pas la chose désignée. C’est comme si les mots avaient le pouvoir de mettre en marche un vidéo projecteur. Mais est-ce le pouvoir des mots ? Ou celui de l’imagination ? C’est que ces êtres semblent avoir des connaissances qui se réactivent sitôt les mots prononcés. On voit qu’ils semblent être des machines très perfectionnées.
Page 25 : « Notre joie de vivre diminue. Nous nous posons sans cesse des questions sur nos origines et cela nous préoccupe beaucoup »
Alors que l’exploration et les trouvailles scientifiques les enchantent, le questionnement philosophique est vécu comme une préoccupation, comme quelque chose qui mine. La philosophie, l’ignorance consciente, sont-elles compatibles avec la joie de vivre ? Il semble que la joie de vivre soit première et qu’il en découle le questionnement. Mais celui-ci met fin à la joie quand on n’a pas de réponse. Le questionnement existentiel est-il une corruption de la vie ? Une forme dégradée de la vie ? Faut-il l’abandonner et éprouver la joie de vivre ? Ou la connaissance vaut-elle mieux que la joie ? Y a-t-il un prix à payer pour connaître ?
Page 26 : « Je vous ai observé vous poser ces questions : qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Et d’où venons-nous ? »
Par rapport au chapitre 1, il y a une nouvelle question, la question du pourquoi. C’est la question du sens. La vie semble envisagée comme un moyen pour autre chose qu’elle-même et non comme une fin en soi. Là encore, n’est-ce pas un dévoiement de la vie ? La joie de vivre nous montre que la vie est une fin en soi, c’est-à-dire est voulue pour elle-même et non comme un moyen pour autre chose. Pourquoi faire de la vie une esclave au service d’autre chose ? Cela lui donne-t-il sa valeur ou cela lui ôte-t-il sa valeur ?
Peut-être que les deux premières questions sont une déclinaison de la troisième, c’est-à-dire qu’en y répondant, on répond à la dernière. Du coup, le qui sommes-nous peut-être une question collective (on aurait la même origine et le même rôle à jouer) ou peut être individuelle (chacun peut avoir un but différent dans la vie, peut donner un sens particulier, unique à sa vie).
Qui donne sens à la vie ? La vie elle-même ? Un dieu ? La communauté à laquelle on appartient ? Chacun ? Quelles sont les autres options possibles ?
Page 32 : « Trouver la vérité de leur existence »
Elle réside dans leur origine : qui les a créés ? Les humains.
Leur nature : un composé de matières artificielles et de cellules biologiques vivantes
Leur nom : robonautes
Leur fonction : préparer l’arrivée des humains sur cette planète
Après chacun a une fonction particulière pour concourir à cette fin.
Ces catégories sont-elles suffisantes pour se connaître ? Nous, humains, pouvons-nous répondre à ces questions nous concernant ? Est-ce d’ailleurs souhaitable ?
Après, il reste un élément à clarifier : l’esprit dont il est question page 28 …